Exposition « ANOURE » de Joris Creuze et Matice Follis

Exposition du 18 octobre au 17 novembre 2024

Horaires d’ouverture de l’exposition Mercredi, jeudi, vendredi 14h30-18h Samedi 11h-13h, 14h-18h

Boutique des Bains du Nord : 16, rue Quentin 21000 Dijon +33 (0)3 80 67 18 18 – www.frac-bourgogne.org

Photographie © Anne Eppler 

Ce programme de résidence est soutenu par la société ADHEX. 

Le FRAC Bourgogne (Fonds régional d’art contemporain) et l’ENSA Dijon (Ecole nationale supérieure d’Art et de design) ont créé en 2019 le programme de résidence « STOREFRONT ». Les objectifs de ce programme sont de favoriser la création contemporaine, de soutenir les artistes dans le processus de création et de monstration et de les accompagner dans leur insertion professionnelle.

La Boutique des Bains du Nord accueille deux résidences par an. L’une au printemps, l’autre à l’automne. Depuis le 9 septembre dernier, Joris Creuze et Matice Follis, seconds lauréats de l’année 2024, occupent la Boutique des Bains du Nord du FRAC Bourgogne.

Après 6 semaines de résidence, les deux artistes laissent place à une exposition, fruit de leur travail en duo. Un monstre marin semble avoir envahi l’espace.

« Deux tours de clé dans la lourde porte de bois des Bains, puis quatre pas s’en éloignent. Maintenant, il fait nuit, il pleuvait encore ce matin et ça continuera demain. Sur la vitrine les reflets des lampadaires du tour des halles, derrière le verre une masse jaune empêche les curieux. À l’intérieur, un peu de poussière sur le plancher. Le vieux bois ne grince et ne s’écrase plus sous la présence des deux artistes : ils ont déserté les lieux. Depuis, c’est le quotidien c’en dessus dessous ; des loques figées à jamais sur les dents du loup.

Deux salles carrées nappées d’une mélasse blonde, deux salles imprimées dans le temps, capturées par des serres aviaires, des palmes batraciennes, en les crocs d’une présence que l’on voit sans en comprendre les contours.

On devine : ici loge l’informe.

Mobilier noyé de chair numérique, des échos de compositions éphémères rendues éternelles, données et pixels. Images rémanentes, plus que des fantômes peuplant l’intérieur des écrans sertis dans les sièges, leur fragile aura agit à/de la même façon qu’une icône envers celles et ceux qui croient. Ces lueurs froides offrent un étrange réconfort familier et contrastent avec l’inquiétante ambre qui voile notre vue partout autour.

On pense que les artistes insufflent la vie à la matière, mais elle est en fait déjà vivante, sans besoin de mains ni d’outils, ni d’une intention sensible. Ça vit sans nous, même une fois les portes closes et, ici, ça rampe sur le sol. Quelque chose qui suinte, amibe jaune motile, poisseuse. C’est un gardien indécelable qui coule dans l’aire des Bains. On l’entend siffler, hurler ou souffler, ses poumons ventilent sous les halles, ils gonflent et râlent, aspirent à sortir de leur cellule de métal forgé. Anoure polydactyle, l’innommable s’est éveillé.

Et puis

on aperçoit un reflet dans l’eau,

on l’observe

comme le négatif d’une photo,

et on y voit un espace autre :

un plein soleil frappe la vitrine, quatre chaises autour d’une grande table de banquet sur laquelle un vase de belles fleurs fraîches. Une paire de chaussures posée sur le sol à l’entrée, au portemanteau sont suspendus les affaires des deux artistes. Joris Creuze et Matice Follis ont posé les clés sur cette table, au centre de la pièce. Le premier s’est assis sur une chaise de métal, le second sur un fauteuil moelleux vert mousse. Ils ont apporté quelques vieux livres, achetés pour des pièces. Des vieux pavés de pages abîmées et jaunies, aux couvertures aux couleurs passées et qui content légendes, polars et séries noires, et une encyclopédie des amphibiens. Dans leur nouvel appartement, vous êtes invités par les deux artistes à venir vous poser quelques minutes.

Mais qu’est-ce qui a changé dans ce reflet quand, l’instant d’un clin d’oeil, vous ne regardiez plus ? »

Texte de Pierre Manceau

Localisation :
16 Rue Quentin 21000 Dijon

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